Mot de la Présidente

Pr Imane Elbouchti

La rhumatologie marocaine se porte bien, la Société Marocaine de Rhumatologie tout autant. Notre spécialité est en plein essor malgré vents et marées.

A l’instar de son homologue Européen, le rhumatologue marocain revendique la prise en charge de la pathologie médicale de l’appareil locomoteur en entier.
Pour ce faire, il dispose de la panoplie complète des outils modernes en rhumatologie lui permettant de faire face à un vaste champs de situations cliniques.  Ceci va de son approche globale et de sa méthodologie fine de l’approche clinique de l’appareil locomoteur à l’utilisation de plus en plus maîtrisée de l’imagerie clinique (notamment l’échographie ostéo-articulaire) ainsi qu’au au prodigieux bond de l’arsenal thérapeutique (avec la nouvelle ère des traitements biologiques).

La rhumatologie marocaine est aussi une discipline médicale en perpétuelle dynamique d’innovation, de recherche médicale et de publications. Elle est up to date et figure parmi les spécialités les plus visibles scientifiquement sur le plan national mais aussi continental.
Ceci est dû en grande partie aux énormes efforts consentis sur les dernières décennies par chaque membre de la communauté des rhumatologues.

Forte de ces 400 membres (en 2020), la SMR a fait de très sérieux efforts de modernisation et de structuration sur les dernières années.
Ainsi parmi les réalisations, il y’a eu le recrutement de personnel plein temps, la location d’un siège physique, le changement des statuts, la création d’un conseil d’administration, l’établissement de liens avec les sociétés savantes étrangères (SFR, SER, ARLAR, LITAR..), le renforcement de l’activité virtuelle (Webinars, webmeetings, cours en ligne…) et la mise à niveau du congrès national annuel SMR
En effet, celui-ci connait dernièrement une formule améliorée avec un panaché conférences d’actualités et ateliers pratiques avec une forte participation des experts nationaux. Il connait chaque année beaucoup de succès avec une présence massive des rhumatologues marocains  toutes générations et tous secteurs confondus.

Parallèlement, ces dernières années, la SMR connaît un nouveau souffle avec plein de projets innovants mis en place ou en cours de réalisation. On en citera :

Ceci dit, et comme il y’a toujours une moitié vide du verre, dans la vraie vie beaucoup reste à faire.

D’abord, le rhumatisant marocain est encore ballotté et soumis à un nomadisme médical néfaste. Il est également régulièrement pris dans les mailles de circuits de soins parallèles de toutes sortes ( certains conférant du charlatanisme pur). Tout ceci est source de retards de prise en charge très préjudiciables.

Les chiffres sont là pour le démontrer puisque dans certaines maladies (comme la spondyloarthrite par ex), le retard diagnostique dépasse les dix ans au Maroc.

Ceci est en grande partie dû au fait que d’une part les rhumatisants marocains (comme ailleurs) ne savent pas à quelle porte toquer au début de leurs symptômes (avec le fort taux d’analphabétisme qui persiste) et d’autre part à l’inexistence de véritables réseaux de soins et d’orientation, créneau où fondamentalement tout reste à faire dans notre pays.

Le rhumatisant marocain reste également fortement exposé à la pénurie itérative de certains médicaments (Méthotrexate..) et à l’accès toujours inégalitaire à certains soins tertiaires (Biothérapies…).

Egalement et malgré tous les efforts et la bonne volonté, on reste confronté au manque cruel de ressources humaines médicales dans notre spécialité considérant que le ratio rhumatologue / citoyen dans notre pays reste très faible (1 pour cent mille), ce qui est très préoccupant au vu de l’explosion épidémiologique inéluctable de ces maladies du fait du vieillissement de la population et la très forte demande qui s’en suivra .

Au passage, la pandémie mondiale COVID a démontré la labilité de nos systèmes de santé, partout dans le monde. Elle a également mis cruellement au 2ème plan les patients porteurs de maladies chroniques. Elle a aussi démontré de manière puissante l’intrication compliquée entre l’économie, les systèmes sanitaires (ainsi que la priorisation en leur sein), la communication, la politique, le civisme et le tissu social.

En attendant d’en sortir pleinement, soyons positifs, ne croisons jamais les bras et gageons que l’horizon sera meilleur pour le rhumatisant et le rhumatologue marocains.

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